Durant cette période on ne parle que de Béji Caid Essebsi
et de son fameux communiqué. On parle de BCE en tant que le seul sauveur de la
Tunisie, il va sauver le pays en nous donnant des leçons de liberté et surtout celle
de la liberté
de l’expression qui la considère comme la pierre angulaire de toutes les
libertés. Les médias et l’opposition ont apprécié l’initiative de BCE tout en
oubliant que ce dernier était pendant 9 mois le premier ministre de la
république tunisienne.
Le retour de BCE mais surtout les
réactions positives de la part de la majorité des partis politiques, de la
société civile et une partie du peuple m’ont
poussé à poser la question suivante comment un dictateur et un homme de
répression comme BCE peut sauver un pays après une révolution de la liberté et
de la dignité ? Ma surprise suite à ces réactions positives m’a incité à
établir le bilan du gouvernement de BCE à plusieurs niveaux.
Le passé de notre futur sauveur en
termes des libertés ne peut que confirmer que ce monsieur est loin d’être le défenseur
de nos libertés. En effet, Samir Feriani a été arrêté suite à la publication des articles
où il a dénoncé la destruction de l’archive du ministère de l’intérieur, toutes
les manifestations anti-gouvernement ont
été sauvagement réprimées, les journalistes qui couvraient la répression policière
ont été tabassé ajoutant que le gouvernement de BCE a essayé de poursuivre en
justice le juge Farhat Rajhi suite à des déclarations où il a averti sur l’importance
du rôle politique joué par kamel Ltaeif l’ancien ami de Ben Ali.
Sur le plan sécuritaire le bilan est
aussi négatif pourtant notre cher BCE a voulu imposé la notion du « prestige
de l’Etat ». La période de son gouvernance est marquée par l'instauration des couvre-feux
dans la majorité des régions tunisiennes avec des prolongations successives de l’état d’urgence, de plus les routes ont été coupée
quotidiennement par des sittineurs et les actes violentes des « salafistes »
sont nombreuses comme celle constatée devant le cinéma Afric’Art.
Quant à la coupure avec le régime de Ben Ali BCE n’a pas hésité à la
nomination de Hbib Essid à la tête du ministère de l’intérieur. Sans oublier la
nomination des personnes impliquées dans
la mort des martyrs de la révolution notamment les martyrs de kasserine et Thala
à des postes de responsabilité. Je ne pense pas que le peuple et les partis
politiques qui ont apprécié l’initiative de BCE ont oublié comment Saida Agrebi
a pu quitter le pays sous prétexte que le ministère de la justice avait une
charge de travail énorme. De ce fait, la lenteur des procès, la libération et
la fuite des symboles de l’ancien régime n’était qu’une preuve de l’absence d’une
volonté chez le gouvernement pour le démantèlement
du système de Ben Ali.
Arrivant à l’économie il faut mentionner
qu’on a fini l’année avec un taux de croissance très faible, BCE n’a pas hésité
à s’endetter sans prendre en considération les conséquences de ce genre des
décisions sur les générations futures tout en envoyant des dossiers presque
vides pour le rapatriement des fonds de Ben Ali et de ses proches.
Je suis contre les théories du
complot mais ceci ne m’empêche pas à poser la question sur la relation entre le
retour de BCE et celui des rcdistes et
mettre le peuple devant deux choix soit les rcdistes soit les islamistes
surtout avec la multiplication des actes de violence des salafistes durant cette
période. (sit-in à la faculté de la Manouba, agression des étudiants et des
journalistes ect)
Certes le bilan
du gouvernement actuel n’est pas positif mais BCE est loin d’être le
sauveur de notre pays. Le seul qui peut sauver le pays c’est le peuple.
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